Le Frère de Pierre

André est comme la plupart des apôtres. Alors que la tradition l’a peut-être plus favorisé que les autres, l’Écriture ne le met pas en lumière comme les trois qui s’amusent. Pierre, Jacques et Jean sont invités dans les maisons lorsque le Seigneur guérit les malades ou ressuscite les morts; ils montent à la montagne pour assister à la Transfiguration; ils sont plus proches de lui pendant l’agonie dans le jardin, et plus tard ce sont surtout leurs actes qui sont consignés et leurs lettres incluses dans les Écritures canoniques.

André obtient ses quinze minutes au début de l’Évangile de Jean. En rencontrant Jésus, il se rend immédiatement chez son frère Simon Pierre pour lui dire que le Messie a été trouvé. Après avoir présenté le futur premier Pape à son sauveur, il s’enfonce dans l’arrière-plan. Même les quelques mentions qu’Andrew reçoit par la suite font presque toujours référence à son frère. Mais au lieu de se lancer dans une diatribe émotive à propos de son frère supérieur, André prend simplement sa place parmi les autres apôtres, suivant Jésus et répandant l’Évangile jusqu’à son martyre quelques années plus tard. En effet, si André s’était constamment comparé à Pierre, il serait peut-être devenu ingrat pour ses propres dons et aurait fini par regarder son frère avec envie ou dédain.

Presque tous les saints du Ciel ne nous seront pas connus de cette vie, et même ceux qui ont un nom, comme André, restent généralement anonymes, sauf quelques détails ici et là. Ce qui est surprenant, c’est que cela continue d’être surprenant. Cela continue de nous déconcerter parce que nous continuons à croire que la sainteté doit en quelque sorte être si extraordinaire que si nous ne ressuscitons pas les morts, ne guérissons pas les malades ou ne marchons pas sur l’eau, alors Dieu ne nous utilise pas pour faire de grandes choses pour lui et son Église.

Si notre compréhension de la sainteté implique autre chose que d’accomplir la volonté particulière de Dieu pour nous et d’apprécier ce qu’on nous a donné à offrir, alors pas étonnant que nous finissions déçus. Les saints proéminents sont proéminents pour que nous puissions les voir et imiter leurs vertus, pas pour que nous puissions les voir et concevoir un plan pour notre propre ascension vers la proéminence.

En fait, la reconnaissance sociale est tout à fait accidentelle à la sainteté chrétienne. Ce que le monde remarque est souvent très différent de ce qui compte pour Dieu. Romano Guardini remarque que « nous ne rendons aucun service à l’apôtre en le considérant comme une grande personnalité religieuse. Cette attitude est généralement le début de l’incrédulité. L’importance personnelle, la créativité spirituelle, la foi dynamique ne sont pas décisives dans cette vie. Ce qui compte, c’est que Jésus-Christ l’a appelé, a apposé son sceau sur lui et l’a envoyé. »

La vie n’est pas centrée sur nos perceptions de la position ou sur tout ce qui nous est simplement cher. Il s’agit d’aimer et de servir Dieu de la manière qu’il juge appropriée. Peut-être que les « grandes » choses ne seront pas faites par nous personnellement, mais par ceux qui nous entourent. Cependant, peut-être que ceux qui occuperont le devant de la scène doivent encore être présentés à Jésus.

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