La majeure partie de l’isolation d’un vêtement n’est pas assurée par la fibre mais par l’air emprisonné dans le(s) tissu(s). En effet, les fibres réduisent l’isolation – toutes les fibres sont plus conductrices thermiquement que l’air immobile – mais sont nécessaires pour éviter la conduction thermique par convection (transport de la chaleur par mouvement d’air) et le rayonnement (transport de la chaleur par rayonnement infrarouge).
Donc, vous voulez une fibre qui peut piéger une grande quantité d’air sans nécessiter trop de fibres ce qui réduirait l’isolation élevée de l’air immobile, comme une ouate de polyester par exemple.
Vous voulez aussi une fibre qui ait une conduction thermique assez stable quelles que soient les conditions, notamment en présence d’eau. L’eau liquide a une conduction thermique suffisamment élevée pour tuer la majeure partie de l’isolation du tissu même si seule une petite quantité d’eau diffuse dans le tissu (la chaleur suivra les chemins de l’eau).
Enfin, vous voulez une fibre qui va retrouver son épaisseur le plus vite possible lorsqu’elle a été comprimée pendant une longue période et que vous relâchez cette pression. Cela garantit que votre tissu retrouve son isolation complète dès que vous arrêtez de le comprimer.
Pour tous ces critères, le polyester a, de loin, le dessus sur le coton:
- Vous pouvez faire une épaisse couche de ouate de polyester (beaucoup d’air) avec une très petite quantité de fibres. Les lattes de coton sont techniquement réalisables, mais ce serait beaucoup plus dense, beaucoup moins efficace comme isolant, donc personne ne fabrique de lattes de coton à ma connaissance.
- Le polyester n’est ni hygroscopique ni hydrophile, donc si de l’eau liquide pénètre dans l’isolant, elle « flaque » dans une petite zone au lieu de diffuser dans l’isolant. Au contraire, le coton est à la fois hygroscopique et hydrophile, de sorte qu’une petite quantité d’eau va se diffuser dans le coton, au moins d’un côté à l’autre du tissu, tuant presque entièrement l’isolant dans cette zone.
- Le polyester a une très bonne récupération. C’est pourquoi il ne se plisse pas facilement mais c’est aussi pourquoi, si vous appuyez sur une isolation en polyester, même pendant une longue période, il reviendra très rapidement à son épaisseur d’origine. Au contraire, le coton a une mauvaise récupération, donc si vous compressez un isolant en coton, appliquez de la chaleur corporelle et transpirez, il restera comprimé jusqu’à ce que vous le peluches manuellement (ou que vous le séchez en machine).
Ceci est pour une chaleur objective.
En revanche, il y a une chaleur subjective, c’est-à-dire que le tissu est chaud au toucher. Le coton sec a le dessus pour cela car sa masse thermique et sa conductivité thermique sont faibles, il tire donc très peu de chaleur de votre corps pour amener le coton à la température corporelle. Un tissu en coton sec, même à basse température, restera chaud au toucher presque immédiatement. Polyester ayant une masse thermique plus élevée et une conductivité thermique légèrement plus élevée, il fera froid pendant 1 à 2 secondes avant d’atteindre la température corporelle. Mais cela n’est vrai que pour le coton sec. Dès qu’un tissu de coton est légèrement humide, il aura une masse thermique beaucoup plus élevée (l’eau a une masse thermique très élevée par rapport à n’importe quelle fibre) et il tirera beaucoup de chaleur, comparativement, de votre corps avant qu’il n’atteigne la température corporelle. Le polyester, étant hydrophobe, ne contiendra jamais d’eau, tous atteignent toujours la température corporelle en 1 à 2 secondes (sauf cas particuliers comme les tissus en polyester denses ou les microfibres, qui peuvent absorber l’eau par capillarité).
En conclusion, dans des conditions idéales (totalement sèches), le coton se sentira subjectivement plus chaud au départ Mais, pour une chaleur objective, le polyester est beaucoup plus chaud. En fait, le coton est l’une des pires fibres pour faire un vêtement chaud.